Caprice de la reine

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Caprice de la reine

C’est entendu, nous sommes tous d’accord, il ne suffit pas de rassembler sous une même couverture des textes épars, des textes qui n’ont pas été pensés, écrits, prévus pour cohabiter dans un même volume, pour pouvoir légitimement appeler la somme hasardeuse ainsi obtenue un livre. Ceci posé, il est des ouvrages, des écrivains qui échappent à la règle. Des auteurs qui, avec leurs pairs, ne font pas sur ce point tout à fait cause commune. Jean Echenoz est de ceux-là. Prenez ce Caprice de la reine qu’il nous propose aujourd’hui : voici une série de contributions souvent parues précédemment en revue, sept récits qui se promènent dans le temps et l’espace, tantôt relevant du genre, disons parfois biographique, plus souvent topographique. Sept miniatures qui n’ont en somme en commun que la main qui les a confectionnées, la qualité d’un trait d’une précision, d’une ironie virtuoses.

Le premier des textes, « Nelson », est un bijou : six pages, et voici tracé à l’eau-forte un portrait de l’amiral, tout ensemble en majesté et en décrépitude – puisqu’il s’avère que le grand homme, « fine silhouette vêtue de bas blancs, de souliers à boucle en acier, d’une culotte et d’un gilet blancs sous une redingote bleue dont la poche gauche semble enflée par une poignée de shillings, et au plastron de laquelle scintille l’ordre du Bain… », que le grand homme, donc, cumule en fait les handicaps physiques, acquis au fil de sa glorieuse existence. Un oeil et un bras en moins, sans compter le mal de mer qui l’empoisonne depuis l’enfance, des migraines et des accès de fièvre. Bref, en fait de grand homme, un individu à « l’air bien fragile, friable, au bord de se fracturer tout le temps ».

Ensuite, on emboîtera notamment le pas à Hérodote, en excursion dans l’immense Babylone, on roulera sur les routes de Floride en compagnie d’un certain Gluck, on accompagnera Jean Echenoz lui-même – du moins, semble-t-il – lors de trois randonnées au Bourget. Finalement, on aura déambulé aussi entre les statues des reines de France du jardin du Luxembourg et dans quelques autres paysages. Tout cela pour le plaisir d’être en compagnie d’un écrivain qui, autant que dans les pièces majeures, excelle aussi dans les modèles réduits.

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