California Dreamin’

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California Dreamin’

Qui se souvient de Cass Elliot ? Pas grand monde, sans doute, de ce côté de l’Atlantique. Disparue en 1974, à l’âge de 32 ans, l’ancienne chanteuse des Mamas and Papas n’appartient pas au panthéon des stars foudroyées. Peut-être à cause de son physique de cantatrice, tout en rondeurs, ou parce que, à la différence de Janis Joplin ou d’Amy Winehouse, elle ne traînait pas une réputation sulfureuse. Pas de suicide, ni d’overdose, juste un petit coeur fragile qui s’arrêta de battre pendant une tournée à Londres. On connaissait sa voix puissante, lumineuse, exceptionnelle, Pénélope Bagieu nous fait découvrir sa vie, ou du moins quelques épisodes, car California dreamin’ n’est pas une biographie au sens classique du terme. Plutôt qu’un récit complet et fastidieux, la dessinatrice a imaginé une série de tableaux. De l’enfance provinciale dans une famille modeste de Baltimore à la genèse de California dreamin’, l’immarcescible tube qui en 1966 lui apporta gloire et fortune, l’existence d’Ellen Cohen, alias Cass Elliot, tient comme toutes les vies dans quelques moments-clés. Bagieu a le grand mérite d’aller voir derrière les sourires et les hourras, là où, faute d’événements notables, les biographes officiels ne s’arrêtent pas. Pesanteurs familiales, ennui au lycée, conscience d’être différente, amours sans retour : comment comprendre, sans toutes ces heures mornes, la soif de reconnaissance et l’immense besoin d’affection d’une femme dont l’extravagance cachait d’insondables abîmes ? Cerise sur le gâteau : le dessin. Entièrement exécuté au crayon noir, empreint d’un indéniable charme sixties, California dreamin’ semble sorti d’un numéro vintage du New Yorker. Un régal ! — Stéphane Jarno

 

Ed. Gallimard, 280 p., 24 €.

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