Bibliothèque idéale du naufragé

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Bibliothèque idéale du naufragé

Si Gide, dès 1913, puis Borges, dans les années 1930, avaient déjà eu l’idée d’établir des listes des meilleurs ouvrages à garder avec soi en cas de catastrophe, le journaliste François Armanet la réadapte avec piquant. Au fil de ses interviews pour Le Nouvel Observateur, il a demandé à deux cents écrivains du monde entier les trois livres qu’ils emporteraient sur une île déserte… Livres à découvrir ou à relire ? Seul Régis Jauffret se pose la question, qui annonce détester relire des livres ou revoir des films… Pour ses confrères, la question ne se pose même pas. Shakespeare et la Bible ayant été exclus d’emblée, c’est à qui « relira » allègrement Cervantès, Proust, Dante, Balzac, Homère, Montaigne, Eschyle, Tolstoï, Dostoïevski, et même les deux mille cinq cents pages de l’Histoire du déclin et de la chute de l’Empire romain, d’Edward Gibbon (1737-1794). Délicieuse mauvaise foi et prétention de nos auteurs ? Goût légitime des sommes pour mieux lutter contre la solitude ? Seul Philippe Sollers ose déclarer ne vouloir embarquer que trois de ses propres romans — Paradis, Femmes, La Guerre du goût —, histoire de mieux dialoguer avec lui-même… Certains préfèrent emporter un cahier vierge, pour écrire l’oeuvre prochaine ; d’autres assurent qu’un dictionnaire — ou même un Bottin (Umberto Eco) — les fera rêver plus que tout. Peu ont le courage, tel l’Américain Jonathan Franzen, de révéler que « le plus gros volume de pornographie que je pourrai trouver » leur semble nécessaire. Ils pourraient embarquer en tout cas cette Bibliothèque idéale du naufragé, piquante et drôle. Véritable portrait en creux, parfois malgré eux, de nos écrivains contemporains. — Fabienne Pascaud

 

Ed. Flammarion, 204 p., 16 €.

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