On croit souvent que la science-fiction appelle naturellement le pavé de mille pages, la fresque planétaire. Erreur : le genre est, au contraire, un des royaumes privilégiés de la nouvelle, qui permet à la fois raccourcis saisissants et concepts foudroyants. Les discrètes éditions Le Passager clandestin ont eu la bonne idée de créer Les Dyschroniques, une élégante collection consacrée justement à l’édition de nouvelles-phares du genre — proposées une par une, alors qu’elles étaient souvent noyées dans des recueils ou des revues lors de leur première publication. Chaque volume tente de retracer l’histoire du texte, de recenser ses publications antérieures et de replacer la nouvelle dans le contexte technologique de la période où elle a été écrite. La première livraison, qui mêlait classiques et découvertes, offrait ainsi une histoire du grand Brian Aldiss, La Tour des damnés. Puis sont venus, notamment, le dernier texte de Damon Knight (Le Royaume de Dieu) et Poul Anderson (La Main tendue). Parmi les douze titres désormais disponibles, notre préférence va au Français du lot, Philippe Curval, dont Le Testament d’un enfant mort nous plonge dans l’esprit d’un nouveau-né surdoué qui, confronté à une société qui le rejette, choisit le suicide… Glaçant et poignant. — Hubert Prolongeau
Ed. Le Passager clandestin, coll. Les Dyschroniques De 4 à 8 € le volume.
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