Baudelaire

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Baudelaire

Penser, c’est hisser les voiles et y faire souffler le vent de l’histoire, écrivait Walter Benjamin. C’est ce souffle magnifique, souffle d’une recherche, souffle d’une pensée, qui anime le navire au long cours que les éditions La Fabrique viennent de lâcher en haute mer : le Baudelaire de Benjamin. Un vaisseau fantôme, livre que l’écrivain, mort en 1940, ne put jamais écrire mais que l’éditeur a eu le courage de reconstituer d’après les fiches, plans, textes préparatoires et lettres de l’auteur (à Horkheimer et Adorno, très critiques vis-à-vis du projet). Autant de notes de travail provenant d’une liasse de feuillets manuscrits découverte par le philosophe Giorgio Agamben à la BNF, que Benjamin avait confiée à Georges Bataille avant de quitter Paris, quelques mois avant de se suicider… Dans une lettre à Horkheimer d’avril 1938, Benjamin annonce les trois parties de son livre : 1) importance de l’allégorie chez Baudelaire (l’« armature de sa poésie », lit-on plus loin), doublée de l’élucidation du « paradoxe de sa doctrine artistique – la contradiction entre la théorie des correspondances naturelles et le refus de la nature » ; 2) modernité des Tableaux parisiens ; 3) question de la marchandise – qui s’incarne notamment dans la figure de la prostituée. Etablie par Giorgio Agamben, Barbara Chitussi et Clemens-Carl Härle, l’édition, historico-critique, met en lumière les grandes phases de ce work in progress : documentation, construction et rédactions partielles. « Mon intention est de montrer Baudelaire inscrit au cœur du XIXe siècle, projette l’écrivain. L’empreinte qu’il y a laissée doit ressortir aussi nette et intacte que celle d’une pierre qu’un jour on déloge de l’endroit où elle est restée pendant des décennies. » Une double exhumation, en somme.

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