Barrès ou la volupté des larmes

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Barrès ou la volupté des larmes

Le culte du passé dont l’écrivain et homme politique Maurice Barrès (1862-1923) se faisait le chantre ébloui n’était-il qu’une façon « de continuer la solitude » où il se complaisait – comme l’a déclaré son ennemi intime Jean Jaurès, lors d’un débat à l’Assemblée en 1908 ? La solitude de Barrès, il se peut qu’elle soit une facette de la vérité de l’auteur du Culte du moi. Dans ce livre, qui n’est pas une biographie, mais ne perd jamais de vue la trajectoire de son sujet, Antoine Billot cherche et devine : une silhouette, un visage barré par une mèche adolescente, un garçon qui n’apprécie guère la rudesse et les « feulements de fauve » de son père centralien et auvergnat, lui préférant la douceur d’une mère lorraine. La propension de Barrès au patriotisme, écrit Antoine Billot, « est à l’évidence une affaire de chair et même de la plus douce des chairs : celle de sa mère ». Maurice Barrès préféra, à d’austères études de droit, les lettres, les fascicules et les chroniques, le tout vibrant d’un nationalisme qui permet de recueillir le meilleur de ses racines. Né en 1862, mort en 1923… Les dates ne font pas l’homme, sauf peut-être quand, à l’instar du « demi-matin clair » de Charles Péguy, Barrès, en 1903, fut frappé au coeur par Anna de Noailles, sans doute seul amour de sa vie. Politique et églises, terre de France et collines : Antoine Billot, dans une langue magnifique, écume les silences et les doutes d’un Barrès moins sujet de roman qu’alibi pour songer à ce qui s’évanouit et ceux qui disparaissent.

 

Ed. Gallimard, coll. L’un et l’autre 226 p., 19,50 €.

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