Andersen, Les ombres d’un conteur

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Andersen, Les ombres d’un conteur

Si Andersen (1805-1875) m’était conté… Pour évoquer la vie de l’écrivain danois, Nathalie Ferlut a emprunté les chemins de traverse. Si la chronologie sert de repère, la dessinatrice aime prendre son temps, butiner, multiplier les points de vue, donner la parole aux fées et aux animaux avec lesquels l’auteur de La Petite Sirène, de La Reine des neiges et du Vilain Petit Canard aimait, dit-on, s’entretenir. Le dessin, des vignettes qui font la part belle aux frises et aux enluminures, parachève cette impression de douce irréalité. A l’évidence, l’intention n’est pas de coller au personnage, d’en reconstituer une copie certifiée conforme, mais d’en saisir l’essence et d’en souligner les mystères.

Car autour du « poète bavard, trop grand, qui avait toujours froid et pleurait facilement », les questions ne manquent pas. Comment ce fils d’un cordonnier et d’une blanchisseuse sans instruction est-il devenu l’une des stars littéraires de son époque ? Pourquoi mit-il toute son énergie dans un genre littéraire destiné aux enfants ? Qu’est-ce qui poussait ce grand hypocondriaque aux encombrantes phobies à multiplier les voyages ? Sans même parler de sa sexualité improbable, une libido réprimée, sublimée, mise entre parenthèses… Nathalie Ferlut suggère, imagine des réponses qui ne sont pas dans les biographies officielles. Son Andersen ressemble comme un frère à Peter Pan, le héros que J.M. Barrie (1860-1937) inventera plus tard ; comme lui, le petit Hans Christian décide de ne pas grandir et cherche dans le rêve et la poésie un remède aux angles droits de l’existence. Il faut une sacrée foi et un grain de folie pour avancer comme lui, aussi léger qu’une flamme, et puiser dans ses désarrois l’encre de ses contes. — Stéphane Jarno

 

Ed. Casterman, 130 p., 20 €.

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