American Girl

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American Girl

Aux Etats-Unis, où il est paru l'an dernier sous le titre Luckiest Girl alive (disons : « la fille la plus chanceuse du monde ») et s'est vendu à quelque cinq cent mille exemplaires, c'est au thriller de Gillian Flynn Les Apparences, adapté au cinéma par David Fincher (Gone Girl), que le livre de Jessica Knoll a été comparé. Le rapprochement n'est pas illégitime, l'un et l'autre des deux romans s'attachant à déconstruire l'image de femme parfaite d'une héroïne autofabriquée et captieuse, dissimulant ses déséquilibres et ses failles sous une enveloppe sociale idyllique. American Girl n'atteint sans doute pas l'efficacité, le brio du roman de Gillian Flynn, mais l'étrange magnétisme exercé par sa narratrice comble aisément cette relative perte d'intensité.

Elle s'appelle TifAni FaNelli, elle a 28 ans, elle est une journaliste promise à un brillant avenir professionnel et à un mariage plus éclatant encore lorsque s'ouvre le livre. On craint, l'espace de quelques pages, un spécimen plus ou moins trash de chick lit (littérature à l'eau de rose), mais la direction qu'emprunte le monologue de la jeune femme dément bientôt cette impression. Le récit oscille entre la vie présente d'Ani et, douze ans auparavant, son adolescence traumatique. La sociologie ferait son miel des thèmes que soulève American Girl (le viol, l'éducation, l'état du féminisme, la résilience…). Jessica Knoll choisit de les incarner dans un personnage ni attrayant ni charmeur, mais plutôt âpre et, pour cela, prenant. En mars dernier, Jessica Knoll a raconté sur LennyLetter, le site de Lena Dunham, l'origine autobiographique de son roman – elle écrit ainsi : « Comme Ani, je me sens parfois comme une poupée mécanique. Tournez ma clé, et je vous dirai ce que vous voulez entendre. Je sourirai au bon moment. Ma colère est inodore, incolore et insipide. Elle est complètement toxique… »

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