Aimer fatigue

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Aimer fatigue

Tanger, dans la langueur d’un été qui se prolonge, au début des années 1970. Formidablement présente, subtilement esquissée, elle s’impose en quelques images, chargée de multiples mémoires, charriant mythes et fantômes littéraires, l’ombre de Paul Bowles, installant d’emblée le roman dans l’étrangeté de sa position. Entre-deux. Entre Atlantique et Méditerranée, passé et présent, rêve et réalité. Tout le charme est là, dans la beauté de cette indécision et la mélancolie qui s’en dégage. Philippe Fusaro met en scène trois personnages fortement inspirés des mythologies littéraires et cinématographiques. Une starlette italienne, vedette de péplums, un espion solitaire, abonné aux missions ordinaires, et Memphis, écrivain à succès en mal d’inspiration, double de Tennessee Williams. Tous trois sont en fuite, en équilibre au bord de leurs rêves : devenir une star de Hollywood, retrouver les paysages d’enfance et les fils grandis loin de leur père, être capable enfin d’écrire la perte d’un compagnon et ­de renouer ainsi avec la littérature. Chacun de ces personnages gardera son mystère, nouera avec les autres des relations complexes et ambiguës, amour, amitié, sexe, étroitement mêlés.

L’auteur les montre souvent nus, dans leurs salles de bains, leurs cham­bres d’hôtel, à la piscine ou à la plage, érotisant le livre, suggérant aussi leur fragilité et leur dénuement. Le texte use des trois personnes du singulier, fluide et sensible, passe subrepticement, dans la même phrase, de l’un à l’autre, tient en permanence le fil de chacun d’entre eux, celui aussi qui les relie. Philippe Fusaro esquisse, dessine des pistes, multiplie les signes et les images, le lecteur remplit les blancs et les silences, rêve à son tour, libre d’interpréter comme il le souhaite l’espérance qui se lève tout à la fin.

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