Abaddon, tome 1

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Abaddon, tome 1

Ici, tout se joue très vite pour le héros. « Vous êtes complètement dingues ! » lance-t-il à la cantonade (page 22). Peu après, sa perplexité angoissée grimpe d’un cran : « Où suis-je ? » (page 27). L’homme est piégé. Il a débarqué dans un vaste appartement pour louer une chambre. Les quatre colocataires l’ont accueilli sans hésiter, avant qu’il ne découvre que porte et fenêtres sont bloquées, qu’il est retenu prisonnier comme les autres, mais que ceux-ci, étrangement, semblent complices de leur propre détention. Pas le moindre indice pour expliquer la situation. Juste une insidieuse sensation de malaise fottant. Il est excellemment installé par le dessin qui mime un réalisme enjoué, attractif, pour mieux le pervertir, et accentué par les réactions erratiques des uns vis-à-vis des autres, comme contaminés par l’ambiance hostile des lieux.

Koren Shadmi, un illustrateur new-yorkais d’origine israélienne, entretient la tension de ce perturbant thriller immobile, par la seule accumulation des questions non résolues. A commencer par l’identité obscure du héros, amnésique, en proie à des souvenirs de guerre d’une rare violence. Le délitement du réel passe par de purs artifices fantastiques (matière indéfinie jaillissant des tuyaux, bruits inquiétants venus de nulle part), mais, de manière plus convaincante, par un dosage assez singulier de grotesque macabre, d’absurde inquiétant et d’humour noir sarcastique, qui sape les repères. Le tome 2 d’Abaddon doit paraître à l’automne. On est curieux de savoir si et comment le héros réussira à s’évader. Et impatient de vérifier que cet imaginaire profus peut atteindre une vraie profondeur.

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