7, le nouveau livre de Tristan Garcia, est sous-titré « romans », au pluriel, et nous fait croire le plus longtemps possible qu’il rassemble plusieurs histoires indépendantes. Amoureux des scénarios bien huilés, l’auteur de La Meilleure Part des hommes ne compose pourtant pas un recueil de nouvelles, mais une oeuvre architecturale singulière et remarquable. On découvre une première aventure au cours de laquelle le narrateur utilise une nouvelle drogue qui permet de remonter le temps. On plonge ensuite dans l’univers du rock et des origines de la création, puis dans celui de la mode — où la plus belle femme de l’univers ne pense qu’à la défiguration. Extraterrestres et philosophes, héros immortels et vies antérieures… Le mélange des genres prend une ampleur inattendue quand, dans une septième histoire, le personnage central passe son temps à renaître dans un monde qu’il pense connaître par coeur.
Evidemment, le chiffre 7 n’est pas choisi par hasard : 7, comme les bottes de sept lieues, comme les sept péchés capitaux… Le livre de Garcia a des allures de conte de fées morbide et sent le soufre, tout en s’interrogeant sur l’importance de la religion. A la fois complexe dans sa réflexion finale et limpide dans sa lecture, 7 reprend notamment l’une des obsessions de l’auteur, les promesses non tenues. Celles des jeunes qui s’engageaient à changer le monde, pour finalement rentrer vite dans le rang dès leurs débuts dans l’âge adulte. Malicieux, le jeune romancier (né en 1981) se nourrit de toutes les littératures pour faire sa pelote : un peu de thriller et de fantastique, un peu d’irrationnel pour surprendre, un peu de rationnel afin de réfléchir à la condition humaine qui, semble-t-il, a du souci à se faire. Mais on sait que Tristan Garcia maîtrise aussi le sens de l’humour. — Christine Ferniot
Ed. Gallimard, 580 p., 22 €.
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