C’est le 4 décembre prochain que Nathalie Rykiel aura ces 60 ans qu’elle affronte comme un défi. Pour être ce qu’elle est, femme de mode, d’élégance et de style, elle a dû batailler ferme. Traverser déceptions et dépressions, amours et orages, psy en tout genre et grands couturiers de tous ordres. Pas si facile d’être la fille, même douée, même intelligente et vive, de l’insurpassable styliste Sonia Rykiel. Reine rousse de la rayure sur laine et du tricot sorcier, féminine en diable et créatrice jusqu’au bout des ongles.
Longtemps, sa fille travailla avec elle, dans son ombre, puis aux avant-postes, assumant bientôt seule les grandeurs et misères de la maison de couture familiale. Et puis Sonia fut atteinte de la maladie de Parkinson, et la mère-star, possessive et capricieuse, de se muer peu à peu en enfant de sa fille. C’est ça aussi vieillir, pour une femme : devenir la mère de sa mère, de son père, de son amant… Nathalie Rykiel le raconte avec une sensibilité écorchée, passant du « je » au « elle » plus distancié, de l’aveu au jeu littéraire, de la scène de genre au moment de vérité cru, du mondain à l’intime. Chapitres courts, écriture vive : la dame qui jamais ne fait dame est terriblement lucide. C’est ce qui fait sa force et le prix de ce petit livre que toutes les coquettes quinqua devraient lire pour affronter avec panache et insolence l’avenir… — Fabienne Pascaud
Ed. Plon, 200 p., 15,90 €.
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