Le Commis

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Le Commis

En republiant, au format poche, L’Homme de Kiev (The Fixer, 1966), et en proposant la première traduction française du Meilleur (The Natural, 1952) (1) , les éditions Rivages ont utilement braqué l’année dernière les projecteurs sur le délaissé Bernard Malamud (1914-1986), écrivain immense et pourtant méconnu – comme demeuré dans l’ombre de ses impérieux coreligionnaires de « l’école de New York », Saul Bellow, qui fut son exact contemporain, et Philip Roth, son cadet de vingt ans, auquel le liait une affection parfois contrariée, mais toujours mêlée d’admiration profonde.

C’est en fait tout l’oeuvre – sept romans et quelque cinquante nouvelles – de Malamud qu’ont ainsi décidé de faire paraître les éditions Rivages, et leur belle entreprise se poursuit donc cette année avec Le Commis (The Assistant, 1957). Ou l’histoire de Morris Bober, un épicier juif de Brooklyn, confronté à une double infortune : tandis que son petit commerce périclite irrésistiblement, le voilà victime d’une agression qui le laisse physiquement et moralement éprouvé. Et c’est alors que paraît dans l’épicerie Frank Alpine, un jeune émigré italien qui lui impose littéralement sa présence et son aide – ce n’est pas déflorer l’intrigue du Commis que de révéler ici que Frank est en fait l’un des agresseurs de l’épicier, habité par le remords.

Pour donner vie au personnage si humble et persévérant de Bober, et décrire l’atmosphère des modestes rues de Brooklyn, Malamud a raconté s’être inspiré de sa propre enfance new-yorkaise, de ses parents, Max et Bertha Malamud, émigrés l’un et l’autre de Russie au tout début du XXe siècle – des gens « doux, honnêtes, bienveillants [qui] n’avaient pas d’éducation mais dont les valeurs étaient solides », se souvenait l’écrivain.

Roman réaliste, pourtant profondément énigmatique sous des dehors limpides, Le Commis s’offre aussi à lire comme une fable morale, une méditation sur la faute et la responsabilité – la réinterprétation, par Bernard Malamud, de Crime et châtiment, de Dostoïevski, a analysé la critique américaine. — Nathalie Crom

 

(1) Il paraît aujourd’hui en poche chez Rivages (trad. Josée Kamoun, 300 p., 8,90 €).

 

Le Commis (The Assistant), de Bernard Malamud, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par J. Robert Vidal, éd. Rivages, 340 p., 21 €.

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