La Captive de Mitterrand

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La Captive de Mitterrand

Il lui avait écrit qu’il voulait faire un livre sur elle. Elle incarnait une part cachée et capitale de la vie de François Mitterrand, une zone d’ombre de l’histoire française. Il lui semblait essentiel, pour mieux connaître l’énigmatique président de la République, de la connaître elle, aussi, dont il admirait la discrétion ; et la force intérieure supérieure qui avait été nécessaire à la maîtresse tenue au secret une existence ­durant. Anne Pingeot, la mère de Mazarine, avait refusé. Et condamné ses proches au silence. Le journaliste David Le Bailly ne s’était pas résigné. Il réussit ici un essai biographique qui dépasse de loin les anecdotes intimes de celle qui vécut clandestinement avec le président dès 1983, dans une dépendance de l’Elysée située quai Branly. Deux fois, selon Bailly, Mitterrand songea à épouser la jeune femme de vingt-sept ans sa cadette, fille d’amis, rencontrée lorsqu’elle était adolescente, lors de vacances communes à Hossegor. Apparentée aux Michelin, Anne appartenait à cette grande bourgeoisie française nourrie de pétainisme et tentée par la collaboration. Si Mitterrand ne l’épousa pas, c’est sans doute qu’elle incarnait – bien malgré elle – son attachement à la droite, son étrange fascination pour certaines de ses valeurs. Anne Pingeot ne se révolta pas. Consentit. L’amour devait être terrible, ravageur, pour accepter tel renoncement trente ans durant : attendre sans fin l’homme aimé, accepter le silence. Faire un enfant quand même. Pour ne pas mourir. Et travailler. Travailler durement, follement au département des sculptures du musée d’Orsay, y imprimer sa marque. Pour tenir. Bailly fait d’Anne Pingeot une héroïne de tragédie, usée sans doute par sa passion. Est-ce pour cela qu’elle n’a jamais voulu rien en dire publiquement ? Pour ne pas l’abîmer en mots ordinaires ; ne plus en souffrir non plus. Par-delà ses propres tourments, surgit des pages l’étonnante prêtresse d’un amour fou. Pas toujours sympathique. Toujours admirable. Entre Paul Claudel et Marguerite Duras…

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