Intempérie

Ajouter un commentaire

Intempérie

L’enfant est terrifié, se cache dans toutes les anfractuosités de la terre, s’engloutit dans les moindres recoins, se recroqueville dans les grottes pour ne pas être vu de ceux qui le recherchent. Il marche la nuit, affamé, avec pour seul objectif de laisser son village derrière lui. Que lui veulent-ils, ces poursuivants dont la seule pensée le plonge dans la terreur ? Pour quel motif l’alguazil, l’officier de justice du village, flanqué de ses deux hommes de main, le traque-t-il à ce point ? On ne le sait pas pendant une bonne partie du livre. Car tout est silence, dans ce beau premier roman de l’Espagnol Jesús Carrasco (né en 1972), et les premiers mots prononcés se perdent dans l’immensité de la plaine que parcourt le gamin. Seul, aux abois, guidé par les étoiles, il rencontre enfin un berger, solitaire comme lui, entouré de ses quelques chèvres, d’un baudet et d’un chien : « Je ne sais pas pourquoi tu fuis et je ne veux pas le savoir », dit ce taiseux qui, lui aussi, semble avoir fui la compagnie des hommes. Mais les amandiers, quelques ruines, les oliveraies et la terre brûlée ne sont pas des refuges suffisants pour échapper à l’inéluctable. De cachette en cachette, le petit fugitif ne cesse de découvrir de quoi les hommes sont capables et fera, à son tour, l’apprentissage de la violence. Elu livre de l’année par les librairies espagnoles en 2013, Intempérie ménage le suspens, et une fois clos, laisse un goût de cendre dans la bouche — Gilles Heuré

 

Intemperie, traduit de l’espagnol par Marie Vila Casas Ed. Robert Laffont, coll. Pavillons 234 p., 19 €.

Commandez le livre Intempérie

Laisser une réponse