{"id":9895,"date":"2016-04-27T00:00:00","date_gmt":"2016-04-26T22:00:00","guid":{"rendered":"http:\/\/www.dico-livres.com\/la-legerete-2"},"modified":"2016-04-27T00:00:00","modified_gmt":"2016-04-26T22:00:00","slug":"la-legerete-2","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/www.dico-livres.com\/la-legerete-2","title":{"rendered":"La L\u00e9g\u00e8ret\u00e9"},"content":{"rendered":"

La L\u00e9g\u00e8ret\u00e9<\/a>
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\u00ab Un seul \u00eatre vous manque et tout est d\u00e9peupl\u00e9 \u00bb :<\/i> au palmar\u00e8s des vers c\u00e9l\u00e8\u00adbres, l’alexandrin de Lamartine fait toujours flor\u00e8s. Sans doute parce qu’il dit joliment l’absence et la s\u00e9paration, une douleur dont chacun a fait l’exp\u00e9rience. Mais pour comprendre ce qu’a travers\u00e9 Catherine Meurisse et dont elle fait ici le r\u00e9cit, il faut lire la suite du po\u00e8me o\u00f9 l’auteur se d\u00e9crit comme une ombre errante insensible au spectacle du monde… Parce que, le 7 janvier 2015, elle a une panne d’oreiller, la dessinatrice de Charlie Hebdo<\/i> arrive trop tard pour assister \u00e0 la conf\u00e9rence de r\u00e9daction. R\u00e9fugi\u00e9e dans un immeuble voisin, elle entend les d\u00e9tonations, la fuite des fr\u00e8res Kouachi, veut croire qu’ils ont tir\u00e9 en l’air, apprend la v\u00e9rit\u00e9… Et de battre soudain son coeur s’est arr\u00eat\u00e9. Comme Luz qui expliquait, dans Catharsis <\/i>(\u00e9d. Futuropolis, 2015), comment le dessin l’avait d\u00e9sert\u00e9, Catherine Meurisse raconte ce qui ressemble fort \u00e0 une noyade. Le sentiment d’\u00eatre aspir\u00e9e vers le fond, la panique, l’abrutissement, les pleurs, la tentation de l\u00e2cher la bou\u00e9e, la r\u00e9volte et puis, apr\u00e8s les attentats de novembre \u00e0 Paris, la rechute.<\/p>\n

Convaincue que seule la beaut\u00e9 peut la sauver, cette amie des arts et des let\u00adtres (elle leur a consacr\u00e9 ses pr\u00e9c\u00e9dents albums, Moderne Olympia<\/i>, Le Pont des arts<\/i>) se remet \u00e0 fr\u00e9quenter les th\u00e9\u00e2tres et les mus\u00e9es, et trouve refuge \u00e0 Rome, pendant un mois, dans l’enceinte de la Villa M\u00e9dicis. Son but : marcher dans les pas de Stendhal pour \u00e9prouver comme lui un ravissement salvateur, une renaissance dans la contemplation des marbres du Bernin ou des clairs-obscurs du Caravage. Mais que p\u00e8se aujourd’hui le romantisme face aux kalachnikovs ? Graphiquement tr\u00e8s r\u00e9ussi, ce r\u00e9cit o\u00f9 la couleur bouscule l’habituelle sobri\u00e9t\u00e9 de son trait a aussi l’\u00e9l\u00e9gance d’\u00eatre l\u00e9ger. Peut-\u00eatre est-ce l\u00e0 l’alchimie v\u00e9ritable, changer le plomb… en plume. — St\u00e9phane Jarno<\/p>\n

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Ed. Dargaud, 136 p., 20 €.<\/p>\n

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