{"id":7515,"date":"2013-08-28T00:00:00","date_gmt":"2013-08-27T22:00:00","guid":{"rendered":"http:\/\/www.dico-livres.com\/lechange-des-princesses"},"modified":"2013-08-28T00:00:00","modified_gmt":"2013-08-27T22:00:00","slug":"lechange-des-princesses","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/www.dico-livres.com\/lechange-des-princesses","title":{"rendered":"L’\u00c9change des princesses"},"content":{"rendered":"

L’\u00c9change des princesses<\/a>
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Vous ne l’apercevrez m\u00eame pas sur la couverture du roman, reproduction d’une toile de 1725. L’\u00e9diteur n’y cadre que la natte enrubann\u00e9e et la main pote\u00adl\u00e9e de l’infante d’Espagne Marie-Anne Victoire (7 ans), fugace \u00e9pouse d’un Louis XV alors \u00e2g\u00e9 de 11 ans. Pour d\u00e9cupler la gourmandise ? Marie-Anne Victoire est l’h\u00e9ro\u00efne, avec Mademoiselle de Montpensier (12 ans), du d\u00e9licieux et cruel roman historique de Chantal Thomas. L’auteur des Adieux \u00e0 la reine<\/i> ne cesse d’ausculter les failles d’un xviiie dont elle fait \u00e0 merveille partager les jouissances et les perversit\u00e9s, son go\u00fbt de Sade et de Casanova m\u00eal\u00e9s. Qu’on en juge \u00e0 l’authentique aventure de ses deux jeunes princesses. Pour consolider la paix avec l’Espagne, le r\u00e9gent Philippe d’Orl\u00e9ans offre \u00e0 Philippe V un mariage crois\u00e9 entre leurs deux maisons : sa propre fille, Louise-Elisabeth de Montpensier, \u00e9pousera l’h\u00e9ritier du tr\u00f4ne espagnol, et celle de Philippe V, Marie-Anne Victoire, le futur Louis XV. Proposition accept\u00e9e. Les deux royales rejetonnes se croisent ainsi sur la route de Bayonne en janvier 1722. Mais la mort du r\u00e9gent, l’indiff\u00e9rence jalouse de Louis XV envers sa trop brillante, trop aimante promise, la folie naissante de Mademoiselle de Montpensier, les ambitions carnassi\u00e8res de la cour auront raison des possibles amours enfantines.<\/p>\n

Entre humour et effroi, Chantal Thomas fait de cette invraisemblable parenth\u00e8se historique un moment crucial, et trop r\u00e9el, o\u00f9 s’affrontent princes et rois, hommes et femmes, gar\u00e7ons et filles. Les deux jeunes couples (et l’espagnol est le plus pitoyable !) sont les victimes d’un monde d’adultes o\u00f9 le respect de l’enfance et l’affection parentale n’existent pas. La magie du livre tient \u00e0 l’extravagance de l’\u00e9pisode, aux d\u00e9lires des infants, \u00e0 la dinguerie d’une vie aristocrate tout ensemble obs\u00e9d\u00e9e de para\u00eetre (donc d’illusions, de spectacles, de vie) et de chasse (donc de mort) que ma\u00eetrise constamment la romanci\u00e8re de son \u00e9criture pr\u00e9cise, teint\u00e9e d’ironie. Derri\u00e8re le style enjou\u00e9, l’horreur. Gr\u00e2ce \u00e0 sa fascination des petites filles et de leur imaginaire, Chantal Thomas se joue avec brio des apparents paradoxes, passe de l’\u00e9rudit au fantastique. Renvoyant les ing\u00e9nuit\u00e9s de l’enfance (Marie-Anne Victoire, sa pr\u00e9f\u00e9r\u00e9e), les hyst\u00e9ries de l’adolescence (Louise-Elisabeth) aux s\u00e9v\u00e9rit\u00e9s cauchemardesques du pouvoir, elle nous maintient en attente du coup de th\u00e9\u00e2tre final. Il y a du thriller dans ces courts chapitres enchant\u00e9s qui n’auraient pas d\u00e9plu \u00e0 Saint-Simon. Et nous rendent myst\u00e9rieusement \u00e0 notre inson\u00addable part d’enfance.— Fabienne Pascaud<\/p>\n

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Ed. Seuil, 334 p., 20 €.<\/p>\n

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