Van Gogh, Ni dieu, ni maître

Ajouter un commentaire

Van Gogh, Ni dieu, ni maître

On croyait tout savoir du « suicidé de la société » cher à Antonin Artaud. Dans Van Gogh, Ni dieu, ni maître, la passionnante monographie que lui consacre l’historien de l’art français Jan Blanc, on découvre encore… Hanté par Dieu et une rédemptrice souffrance christique, le rejeton néerlandais d’une lignée de pasteurs, tenté lui-même par la prédication dans sa jeunesse ? Jan Blanc détruit ce cliché au fil de somptueuses reproductions qui corroborent sa réflexion. Ainsi, de 1880 à 1890 — dix ans de peinture seulement ! —, le cheminement artistique de Van Gogh (1853-1890) est celui d’une lente « décroyance ». Elle l’amènera à un athéisme politique, artistique et moral. Engagé auprès des humbles, ouvriers ou paysans, avec une conscience de classe marxiste, épris de littérature réaliste — de Flaubert à Zola, en passant par Maupassant —, Van Gogh cherche peu à peu à résister à Dieu comme à toute forme d’assujettissement. A la manière de Nietzsche, il estime que l’art doit exalter les forces du corps et du désir plutôt que hanter le monde des idées. Il croit en la vie plus qu’en aucune religion. Et s’acharne à cerner, explorer la matière dans tout son éclat, à se défaire de tout mysticisme magique. C’est pour ça, aussi, qu’il lutte contre sa folie avec la passion de la santé… Jusqu’à son suicide dans un champ en plein soleil. Comme pour jouir une dernière fois du monde. — Fabienne Pascaud

 

Ed. Citadelles & Mazenod, 430 p., 189 €.

Commandez le livre Van Gogh, Ni dieu, ni maître

Laisser une réponse