Une seconde vie

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Une seconde vie

« On a deux vies et la seconde commence quand on se rend compte qu’on n’en a qu’une. » Cette phrase de Confucius résume bien l’esprit du dernier essai de François Jullien car, comme l’auteur le note d’emblée, nul ne peut sortir de sa vie et y rentrer ! Le philosophe et sinologue, qui a fait de l’écart entre Orient et Occident son espace de prédilection, a toujours été attentif aux lentes transitions, aux processus invisibles, ces « transformations silencieuses » inhérentes à la pensée chinoise, alors que la culture occidentale privilégie les ruptures claires et distinctes. Loin de naître ex nihilo, la promesse d’une seconde vie s’enracine plutôt dans l’expérience de la première, qu’elle vient porter plus loin : « elle n’est plus recherchée mais récoltée », considérée non plus « sous l’angle de l’instant décisif mais sous celui de la durée qui lentement a trié et décanté », synthétise le penseur. Dans cette seconde vie, le second amour tient une place de choix, celle de l’intimité véritable qui aurait abandonné tout désir de possession. Le sens de l’adjectif « second », qui se démarque de son jumeau « deuxième » (choisi quand l’énumération peut aller au-delà de deux), est singulier, ouvert sur l’avenir et le désir, mais grave aussi : « La pensée de la seconde vie sait désormais que son temps est compté, en même temps qu’elle ne se met plus sous la pression de réussir. » S’il n’est jamais trop tard pour entrer dans la seconde, il n’y aura pas en revanche de troisième vie. — J.Ce.

 

Ed. Grasset, 198 p., 18 €.

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