Le doute s'insinue lentement, comme le sable envahit peu à peu les maisons du bord de mer. Il pénètre partout, se glisse insidieusement sous les portes et les fenêtres, jusqu'à envahir les pièces les plus reculées. L'histoire, en première approche, est réaliste, portée par un style énergique, vif et cinglant comme le vent qui souffle sur la petite station balnéaire où Jeanne vient d'arriver pour les vacances d'hiver. Qu'a-t-elle fait pour mériter un tel sort et des parents aux idées si saugrenues ? Les rues désertes, les boutiques fermées, les embruns « comme autant de crachats », le sable « gris déprime ». Jeanne s'apprête à vivre les pires vacances de sa vie, quand elle fait la rencontre de deux frères, l'un de son âge, l'autre plus jeune, les fesses toujours vissées au perron de leur villa.
Et c'est là que le mystère s'installe. Sur les marches de cette maison qui semble abandonnée, où Jeanne ne cesse de revenir, attirée par l'aîné des garçons. Alain et Bruno, drôles de prénoms carrément démodés, tout comme leurs vêtements, ringards au possible. Subtilement, l'histoire glisse alors aux lisières du réel, entraînant le lecteur, avec une infinie délicatesse, sur des chemins bientôt vertigineux, ceux d'un premier amour à cheval entre ciel et terre. — Michel Abescat
Ed. du Rouergue, 128 p., 10,70 EUR.
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