Une allure folle

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Une allure folle

C’est en écrivant l’âpre premier chapitre de son roman familial qu’Isabelle Spaak a fait ses armes, d’emblée remarquable : en 2004, elle publiait Ça ne se fait pas, un récit campé sur le geste meurtrier de sa mère qui, vingt ans auparavant, assassina son époux volage, avant de se donner la mort. « Depuis le 18 juillet 1981, Anny, Annie, Anne, Anne Marie, peu importe le prénom qu’on lui donne, est une personne dont on ne parle pas, dont on ne prononce plus le nom. Les uns par gêne, d’autres par pudeur, certains par colère. Un petit nombre par une inconsolable tristesse », note Isabelle Spaak, dans Une allure folle. Où se poursuit l’investigation dans l’intimité ravagée d’une famille dont la mémoire semble s’être dispersée — comme un héritage importun, disgracieux dont il conviendrait de se défaire, au risque d’égarer, dans cette dissipation, quelque chose de précieux, d’irremplaçable. C’est à ce délicat travail de suture que l’auteure s’emploie, reconstituant, par-delà les mensonges pudiques et les omissions hypocrites sur lesquels s’est construite la mémoire familiale, le destin de sa grand-mère, la fantasque Mathilde, de sa mère surtout, la secrète, vulnérable, mais au fond si audacieuse, si déterminée Anny. L’intelligence et la finesse de la démarche d’Isabelle Spaak, lancée dans cette enquête, n’ont d’égal que la subtilité et le doux tranchant de sa phrase. — Nathalie Crom

 

Ed. des Equateurs, 220 p., 17 €.

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