Un nouveau dans la ville

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Un nouveau dans la ville

Justin Ward n’est d’abord qu’une vague silhouette débarquant dans une petite ville du Maine, sa valise à la main. Son indifférence ressemble à du mépris, et son mutisme attire la méfiance dès qu’il pousse la porte du bar de Charlie. Pourtant, ici, on n’a rien contre les nouveaux venus, et les immigrés sont plutôt bien accueillis quand ils savent tenir leur rang. Mais Ward, avec ses chaussures cirées et son imperméable de citadin, crée immédiatement un climat de suspicion, semblant cultiver ses zones d’ombre avec délectation… On retrouve, dans ce roman « américain » de Georges Simenon initialement paru en 1950, le goût du romancier pour l’analyse de la nature humaine, qu’il fouaille en prenant tout son temps. Il aime accompagner le pas nonchalant d’un inconnu dans les rues enneigées, le suivre comme une ombre. Le lecteur sait que tout finira mal pour l’étranger qui exhibe sa liasse de billets trop facilement. Loustal apporte à ce court roman de belles teintes lunaires, une étrangeté précise, un trait ouaté pour les paysages neigeux, les rues désertes, les ciels chargés. Après Les Frères Rico et Touriste de banane, le dessinateur confirme son compagnonnage avec le romancier des petites gens. On l’avait cru abonné au soleil des îles et aux océans d’un bleu pétaradant, le voilà bien à son aise dans ces heures crépusculaires qui n’annoncent rien de bon pour les inconnus. — Christine Ferniot

 

Ed. Omnibus, 190 p., 28 €.

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