Traversée en eau claire dans une piscine peinte en noir

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Traversée en eau claire dans une piscine peinte en noir

L’immersion est immédiate : Cookie Mueller sort sur High Street, à San Francisco, et tombe sur six filles qui ­attendent Charlie, disent-elles. Cookie poursuit sa route — elle apprendra plus tard qu’il s’agissait de Charles Manson et qu’elle l’a manqué de peu. La veille, elle était avec Jimi Hendrix. Tout à l’heure, elle remplira trois cents capsules de LSD ou d’héro pour dealer un peu. Tout se mélange dans sa tête, mais ce qui importe, c’est que Jim Morrison soit là et que, plus tard dans la journée, elle puisse mixer coke et crystal afin que la soirée devienne étincelante. Cookie sait tout faire : jouer les muses pour le metteur en scène John Waters, accoucher dans la douleur, prendre la pose devant Nan Goldin ou Robert Mapplethorpe. Et elle sait aussi raconter des histoires… Ce recueil autobiographique de la performeuse et actrice Cookie Mueller (1949-1989) dépeint, sur un ton désinvolte, une ère de folie incendiaire : en compagnie de cette déesse méconnue des seventies, on traverse l’Amérique hippie à l’arrière d’une Mustang Mach 4 bordeaux, en buvant des litres de Jack Daniel’s pour faire passer les poignées de Dexedrine.

L’essentiel, c’est l’aventure, l’instant — et tant pis pour le prix à payer. L’écriture délurée de Cookie Mueller remplit la vie d’oxygène. Cette liberté se teinte pourtant de noir dans un dernier texte datant des années 1980 : le ­sida, explique-t-elle, a tué ses amis artistes qui, comme elle, combattaient « l’ignorance, la faillite de la beauté, la désertion de la culture ». La fête est finie… — Christine Ferniot

 

Walking through clear water in a pool painted black, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Romaric Vinet-Kammerer, éd. Finitude, 192 p., 17 €.

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