Tim Ginger

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Tim Ginger

Tim Ginger vit dans le passé. A la retraite depuis des lustres, l’ancien pilote d’essai coule des jours tranquilles dans sa caravane, seul face au désert du Nouveau-Mexique. Ses contacts avec les autres se limitent à une partie de cricket hebdomadaire avec d’autres sujets de l’Empire britannique et de rares coups de fil de l’éditeur qui a publié son autobiographie. Chaque jour, les rêves et les souvenirs du sexagénaire s’invitent un peu plus à sa table, jusqu’à ce qu’une série d’incidents le décide à accepter l’invitation d’un salon du livre de seconde zone…

Julian Hanshaw a une façon bien à lui de raconter les histoires. Sans se précipiter, à petites touches, en multipliant les cases et les ellipses. Rien de complexe, cependant, dans ce rébus, la narration est fluide, tranquille et cependant redoutablement efficace, comme un collet dont la boucle se resserre imperceptiblement sur le lecteur. Dans sa course, elle embrasse ­différents thèmes : le cricket, les théories complotistes, la vie extraterrestre, la vieillesse… Surtout, Tim Ginger fait la part belle à un sujet de société peu abordé : les couples qui ne veulent pas d’enfants. Assez habilement, l’auteur britannique place ce choix de vie radical, difficile et sans retour, au coeur du récit, en le ponctuant de courts témoignages en images qui explorent l’envie de ne pas se reproduire. Sobre, émouvant, sans effets de manches ni rebondissements, ce roman graphique évoque, tant dans ses ambiances que dans son rythme, le meil­leur du cinéma de Clint Eastwood, tendance Sur la route de Madison. Plusieurs fois récompensé aux Etats-Unis et en Angleterre, où il est paru en 2015, Tim Ginger est une oeuvre aux résonances profondes qui s’apprécie au fil des lectures. — Stéphane Jarno

 

Traduit de l’anglais par Ariane Bataille, éd. Presque Lune, 152 p., 21 €.

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