Silencieuse

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Silencieuse

Louis a débarqué au milieu de l’hiver, alors que les touristes désertent les villages aux platanes dénudés. A Saint-­Julien-des-Sources, les habitants affirment qu’ils n’ont rien contre les étrangers. D’ailleurs, ils tolèrent déjà la présence de Hans Glawe, un peintre et sculpteur qui a installé son atelier dans une grange. De là à fréquenter ces inconnus qui leur sont imposés, la route est longue, pavée de basses intentions et de ragots. Se tenant légèrement à l’écart, un homme observe les faits et gestes de chacun : les tourments expiatoires de l’artiste allemand, le malaise chronique de Louis, le ballet des curieux et des méfiants, les sales rumeurs. Il sera bientôt le narrateur de l’histoire, celui qui va tenter de comprendre l’identité de chacun et sa place dans la communauté. Quand débarque à son tour une fillette mutique, dont les silences semblent souligner les contradictions du monde des adultes, l’atmosphère change encore… Silencieuse est une belle et poignante réflexion sur l’art, mais aussi sur les non-dits qui détruisent des vies sur plusieurs générations.

Embourbés dans une solitude dont ils tentent de s’extraire par la peinture, l’écart ou la révolte, les personnages sont des prisonniers : « Nous construisons des ponts pour oublier cette solitude native, nous nous agglomérons, nous nous battons, nous tuons […]. Mais rien ne fera que nous ne mourrions pas comme nous sommes nés : seuls, petites îles perdues dans la tempête de l’Histoire et des histoires. » — Christine Ferniot

 

Ed. du Seuil, 220 p., 17 €.

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