Shikasta

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Shikasta

La grande Doris Lessing (1919-2013), auteure de l’inoubliable Carnet d’or, Prix Nobel de littérature 2007, a toujours flirté avec la science-fiction : le cycle des Enfants de la violence (1952-1969) finissait après une explosion nucléaire, Mémoires d’une survivante (1974) et Mara et Dann (1999) sont des romans d’anticipation avoués. De ce pan de son oeuvre, moins connu que ses romans psychologiques, émerge une ambitieuse série en cinq volumes, Canopus dans Argo : ­archives, commencée en 1979 avec Shikasta. Son accueil en France fut à ce point mitigé que les éditions du Seuil ­jetèrent l’éponge après le deuxième ­volume. Les éditions La Volte reprennent aujourd’hui le flambeau, entreprenant la publication de l’ensemble. Premier volume, donc : Shikasta. C’est le nom d’une planète dont nous ­suivons le destin, de sa naissance aux guerres qui finissent par la ravager. Derrière Shikasta, on reconnaît vite la Terre, et la fable qui se développe dans la seconde partie du roman reflète très clairement notre XXe siècle, plus particulièrement la situation des Noirs qu’a connue Doris Lessing enfant, alors qu’elle grandissait en Rhodésie. Si le livre, constitué souvent de rapports des émissaires de l’empire de Canopus envoyés sur Shikasta, peine parfois à laisser vivre ses personnages, il n’en est pas moins d’une intelligence et d’un souffle rares. Et donne envie de réparer l’injustice qui fait que ce cycle, salué en son temps par Gore Vidal et Ursula Le Guin, est encore ignoré et tronqué de ce côté-ci de la Manche. — Hubert Prolongeau

 

Canopus in Argos : Archives-Shikasta, traduit de l’anglais par Paule Guivarch, éd. La Volte, 480 p., 20 €.

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