Sauver le progrès. Comment rendre l’avenir à nouveau désirable

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Sauver le progrès. Comment rendre l’avenir à nouveau désirable

« Un des rêves de la raison telle qu’envisagée par les Lumières était que l’humanité se mette sur le chemin du progrès perpétuel. Deux siècles plus tard, nous ne savons que faire de ce rêve. » Un tel diagnostic sert de point de départ au nouvel essai du sociologue allemand Peter Wagner, déchiffreur de la modernité, dialoguant avec la théorie critique de l’école de Francfort, et qui enseigne à l’université de Barcelone. Le livre sort pourtant au moment où le camp du progrès semble trouver, en France, une nouvelle incarnation publique, à travers la polarisation du débat d’idées entre intellectuels progressistes et réactionnaires : Patrick Boucheron contre Alain Finkielkraut, pour le dire vite. A en croire même certains politiques, comme Emmanuel Macron, le clivage entre progressistes et conservateurs aurait rendu obsolète celui entre la gauche et la droite. Alors, crépuscule ou renaissance ? Epuisement ou reconstruction ?

Sauver le progrès. Comment rendre l’avenir à nouveau désirable tombe à pic, en incarnant ce mouvement de balancier. Selon l’auteur, le moment est en effet venu de repenser et de réinventer la notion de progrès, définie généralement comme l’« amélioration des conditions de vie des êtres humains, y compris dans leurs formes d’organisation sociale »… Une définition qui allie l’individuel et le collectif mais qui est sans cesse mise à l’épreuve par les allers-retours de l’Histoire, les dynamiques régressives et les multiples types de domination. Rappelant que le progrès réside depuis les Lumières dans une articulation « entre liberté et raison », le sociologue né en 1956 invente un récit pédagogique qui en met en scène les différentes formes : le progrès du savoir et le progrès économique (le progrès entendu comme un mécanisme), et le progrès social et politique (entendu comme une lutte).

Qu’on se rappelle, par exemple, le temps où Newton se voyait juché sur les « épaules des géants » : « Au coeur de la conception forte du progrès, note l’auteur, se trouve l’idée que la connaissance de la nature se construit par accumulation et avancées successives, si bien que chaque nouvelle génération y a un accès supérieur à la précédente »… Une vision à refonder aujourd’hui, pour poser la question clé selon le sociologue : quel progrès pour demain ? — Juliette Cerf

 

Traduit de l’anglais par Nathalie Karagiannis, éd. La Découverte, 192 p., 15 €.

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