Rosemary L’enfant que l’on cachait

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Rosemary L’enfant que l’on cachait

Sur une photo datant de 1938, elle pose, radieuse, en robe de bal, aux côtés de sa mère et de sa jeune soeur Kathleen. Nous sommes à Londres, les filles aînées du nouvel ambassadeur des Etats-Unis, Joseph Kennedy, s’apprêtent à être présentées au couple royal. La lumineuse Rosemary a alors 19 ans, et son beau visage ne va pas tarder à disparaître des photos de famille. Gommée de la propagande qui véhicule l’image de la conquérante tribu Kennedy et commence à fabriquer sa légende. Occultée au point qu’on oubliera presque l’existence, dans la fratrie née du mariage de Joseph et Rose Kennedy, de cette soeur cadette de John, alias JFK, écartée parce qu’elle déparait le mythe de la famille parfaite construit et entretenu par l’intransigeant patriarche.

La biographie de Kate Clifford Larson restitue sobrement, sans emphase ni pathos, la poignante existence de cette « enfant que l’on cachait » et met au jour la responsabilité de son père dans le drame vécu par Rosemary (1918-2005), petite fille gaie et aimante, atteinte d’un retard mental que ses parents ne surent jamais accepter. Ballottée durant l’enfance dans des institutions scolaires inadaptées à son handicap, la douce Rosemary fut soumise, en 1941, à l’âge de 23 ans, à une épouvantable lobotomie voulue par Joseph, sourd à l’énoncé des risques encourus par la jeune fille.

L’intervention laissa Rosemary gravement et irrémédiablement diminuée et, très vite, elle fut envoyée loin des regards, littéralement abandonnée par ses parents dans un établissement psychiatrique du Wisconsin. Ce n’est qu’après la chute de Joseph, victime en 1961 d’une grave attaque, que ses frères et soeurs renouèrent avec Rosemary, l’enfant martyrisée et gardée au secret. Elle est morte il y a onze ans, dans l’asile du Wisconsin qui avait été, durant six décennies, tout ensemble son refuge et sa prison. — Nathalie Crom

 

Rosemary, the hidden Kennedy daughter, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Marie-Anne de Béru, éd. des Arènes, 304 p., 21,90 €.

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