Relire la Révolution

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Relire la Révolution

« Citoyens, la Révolution est fixée aux principes qui l’ont commencée : elle est finie. » Telle est la dernière phrase de la Constitution qui, en 1799, institue le Consulat, quelques semaines après le coup d’Etat du 18 brumaire de Napoléon Bonaparte. Selon Jean-Claude Milner, la longue séquence de la « croyance révolutionnaire » ouverte par cette Révolution française de 1789 est aujourd’hui achevée, comme l’a prouvé l’événement majeur qui a inauguré le xxie siècle en l’ébranlant. Le 11 septembre 2001 s’est en effet déroulé sans aucune référence à cette geste révolutionnaire qui, pendant plus de deux siècles, a fondé la culture européenne pour orienter les événements et modeler les représentations, jusqu’aux révolutions soviétique et chinoise. C’est justement parce que 1789 n’occupe plus aujourd’hui le premier rang qu’il est temps de le repenser à nouveaux frais, ce à quoi s’emploie le philosophe et linguiste dans Relire la Révolution.

Alors que la politique a désormais pour les Français des airs de « rond-point dont chaque issue mène à une impasse », l’essai parvient à ciseler un scénario politique neuf qui dépoussière les grandes séquences de notre histoire révolutionnaire : la réplique culte entre Louis XVI et le duc de La Rochefoucauld-Liancourt, « C’est une révolte ? — Non, Sire, c’est une révolution » ; la différence entre les droits de l’homme et ceux du citoyen (les premiers viennent du corps, les seconds de la culture) ; l’énigme Robespierre et la très embarrassante Terreur (« Le gouvernement de la révolution est le despotisme de la liberté contre la tyrannie », écrit Robespierre) ; la répétition cyclique de l’histoire selon le Grec Polybe (monarchie, aristocratie, démocratie) ; la lecture marxiste (le marxisme, devenu « la » théorie de la révolution). « La croyance révolutionnaire a cessé faute de croyants », écrit Milner. Le mythe peut donc redevenir événement. — Juliette Cerf

 

Ed. Verdier, 288 p., 16 €.

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