Providence

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Providence

« Que faire ? Un roman ? Au moins, avec un roman, on est libre. Et ça rassemble tout. Si on est en morceaux. » Est-il donc en morceaux, celui qui écrit ces lignes à la page 202 d'un livre imprévisible ? Un livre qui enchaîne les aventures littéraires extravagantes – un personnage vient y hurler sa rage quand son auteur l'abandonne, un autre plus célèbre (le Lucien de Rubempré de Balzac) se métamorphose en femme – et les expériences artistiques limites – découper du papier pour faire de la poésie ou ne prendre que des photos floues… Un livre qui se moque d'avoir un sujet, une intrigue comme on dit, mais les explore à sa façon tous et toutes : de Darwin à Dieu. « Faut arrêter les livres, ma petite, c'est vieillot », clament justement à Lucienne de Rubempré, dans une scène décoiffante, deux vieilles mécènes jumelles hystériques et snobs. Ou encore, « vous racontez des histoires beaucoup trop loin de nous. C'est trop province ».

Depuis près de trente ans qu'Olivier Cadiot s'exerce en littérature, passe situations et phrases au fouet de son imaginaire, navigue de théâtre en poésie, ses histoires, souvent hilarantes, n'ont, elles, rien de « provincial ». Ce sont des « folies », à l'image de ces pavillons sans véritable emploi que les aristocrates aimaient à faire bâtir dans leurs parcs, au xviiie siècle. Pas nécessaires ni essentielles, et vitales quand même. Parce qu'elles délient le lecteur sous leur insouciance apparente, le font errer, s'agacer, se révolter parfois contre ces chapitres sans queue ni tête ; et finalement y trouver sa liberté de penser, sa liberté intérieure. Comme par un invraisemblable nettoyage de cerveau. Rien qu'avec « Des mots en forme de choses, des phrases dont on entend juste la courbe »… « Ça fait des visages, poursuit Cadiot. C'est beau. » C'est vrai.

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