Jack Kirby était un homme de la Renaissance. Né à New York en 1917, dans une famille de Juifs autrichiens émigrés, le « King of comics » avait, en effet, plus en commun avec Léonard de Vinci qu’avec Warhol. Autodidacte et passionnément curieux, le dessinateur était un authentique visionnaire, aussi habile à camper la psychologie de ses personnages qu’à forger de fascinantes cosmogonies. Rares sont les dessins qui marquent physiquement ceux qui les regardent, mais les superhéros de Kirby et leurs adversaires étaient de cette trempe. Golems de glaise, géants cosmiques, archanges aussi beaux qu’effrayants : tous semblaient sortis des premiers âges, ceux du chaos et des ténèbres, où démons et divinités inspiraient encore l’effroi ou l’adoration. Et leurs affrontements homériques ponctués de Crash ! de Fzaaamm ! et de Pow ! crevaient littéralement les pages des « illustrés » de notre adolescence.
Le grand public, pourtant, n’a pas retenu le nom de ce génie du trait, lui préférant celui de son compère, scénariste et grand communicant, Stan Lee. Entier, intransigeant, Kirby a passé plus d’un demi-siècle ballotté entre Marvel et DC, au rythme de ses brouilles avec les deux géants des comics américains. Surtout, il a été cannibalisé par ses créations les plus illustres : Captain America, les X-Men, les Quatre Fantastiques, Thor, Hulk et le Surfer d’argent. Disparu en 1994, il fait enfin l’objet d’un hommage éditorial en bonne et due forme. Outre une biographie passionnante signée Jean Depelley, Jack Kirby, le superhéros de la BD (éd. Neofelis), qui révèle un personnage digne d’un film de Capra, trois de ses oeuvres majeures sont publiées pour la première fois en version intégrale : O.M.A.C., Kamandi et surtout l’époustouflant Quatrième Monde. Souffle épique et impact visuel garantis ! — Stéphane Jarno
Ed. Urban Comics, de 17,50 à 35 €.
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