Nora Webster

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Nora Webster

Le sujet féminin sied décidément à l’Irlandais Colm Tóibín, qui avait ainsi donné l’an dernier, autour du personnage opiniâtre et meurtri de la mère de Jésus, un bref et saisissant opus, Le Testament de Marie, mais aussi offert dans Brooklyn à une discrète inconnue, Eilis Lacey, un destin romanesque épousant l’histoire collective de l’Irlande. Et on n’oublie pas que de son chef-d’oeuvre, Le Maître, centré sur Henry James, la romancière Constance Fenimore Woolson, morte noyée dans les eaux du Grand Canal de Venise, était l’une des figures les plus prenantes — et déchirantes. C’est de nouveau sur une vie de femme que se penche le grand romancier : Nora Webster, mère de quatre enfants, deux grandes filles, deux jeunes garçons, qu’elle élève seule dans l’Irlande des années 1960 après la mort de son époux. Effacée et délicate comme l’Eilis de Brooklyn, Nora Webster entre néanmoins dans une rébellion douce, une dissidence dont elle est au départ à peine consciente, en posant de petits gestes quotidiens qui sont comme autant d’actes de contestation de l’ordre des choses. Un jour, c’est une teinture pour couvrir ses cheveux grisonnants.

Et bientôt c’est la musique et le chant qui viendront jeter un pont entre la vie telle qu’elle est et telle que Nora la voudrait. L’empathie et la délicatesse de Tóibín sont infinies tandis qu’il accompagne son héroïne et veille sur son destin, dont il fait le coeur battant de cette merveille de roman, d’une acuité foudroyante. — Nathalie Crom

 

Traduit de l’anglais (Irlande) par Anna Gibson, éd. Robert Laffont, coll. Pavillons, 412 p., 21 €.

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