New York, petite Pologne

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New York, petite Pologne

Ecrire un second roman relève de la gageure quand on a brillé de mille feux avec le premier. En écrire un troisième tient de l'exploit, quand on a fait entendre sa petite musique avec le deuxième. Emmanuelle Guattari a réussi le triangle parfait. Après La Petite Borde, sur son enfance dans la maison de fous où travaillait son père, le psychanalyste Félix Guattari, puis Ciels de Loire, sur les difficultés de grandir hors du cocon, elle fore une autre parcelle de son autobiographie : un séjour à New York, dans les années 1980, où elle se fit souvent passer pour polonaise, dans un jeu de cache-cache intime qui devait déboucher sur la connaissance de soi.

Une fois encore, Emmanuelle Guattari déploie ses talents dans l'infiniment petit. Petitesse des chapitres, jusqu'à les réduire à quelques lignes, ou même une phrase qui tremble dans le blanc du papier, comme celle-ci : « Quand mon père m'emmène au restaurant, comme on reste dans le silence, après un moment il dit : raconte-moi ta vie. » Petitesse des signes qu'elle capte chez les autres, avec une acuité bienveillante, comprenant les rouages de la personnalité comme personne, sauf peut-être son père dont elle a hérité une attention aux infimes déviances. Même les animaux lui livrent les secrets de leur âme, comme ce chien de la SPA de New York qui se retourne et, avant de poursuivre docilement son chemin, lui jette un regard qui la hantera toute son existence. De livre en livre, elle revendique le droit à la fantaisie, à la discrétion aussi, au silence parfois. Et jamais ne se dépare de sa modestie. Sous l'œil de cette romancière, chacun a ses raisons. Sous sa plume, chaque mot rit sous cape.

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