New York, esquisses nocturnes

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New York, esquisses nocturnes

Ils sont tous là, Warhol, Haring, Basquiat, éléments d’un décor idéalisé qui glorifie le début des années 1980. La gentrification de Manhattan commence à peine, et les jeunes artistes se retrouvent dans des squats pouilleux en rêvant de reconnaissance. Parmi eux, Raul Engales, un exilé argentin, peint de grandes toiles spectrales, des portraits ravagés qui vont bientôt intéresser James Bennett, un critique d’art très à la mode. James est atteint de synes­thésie, ses sens se mélangent, asso­ciant perceptions et couleurs ou odeurs — ainsi Marge, sa femme, est-elle pour lui l’incarnation même de la couleur rouge — et il tourne ce phénomène neurologique à son avantage dans ses chroniques pour le New York Times, sensuelles, inattendues. Lucy, une jeune fille de l’Idaho, tout juste ­débarquée en ville, complète le trio autour duquel gravite ce beau premier roman de l’Américaine Molly Prentiss. Pourtant, plus encore que l’histoire, c’est l’art de la romancière de planter un décor, de camper des personnages charismati­ques et de les associer à la création, qu’on retiendra de ce New York, esquis­ses nocturnes, dont on ressent ­vraiment toute la subtilité de la composition en le refermant.

Pour écrire cet hymne à une ville pleine de vacarme et de chaos, l’auteure sort ses plus beaux nuanciers, choisit un jaune whisky plutôt qu’un jaune soleil, puis nous guide dans les rues de Soho vers le parking géant où tout se passe en cette nuit polychrome. Il y a du bruit, le vernissage est commencé, on devrait croiser du beau monde… — Christine Ferniot

 

Tuesday Nights in 1980, traduit de l’anglais (Etats Unis) par Nathalie Bru, éd. Calmann-Levy, 416 p., 21,50 €.

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