Moby Dick

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Moby Dick

Cent trente-cinq chapitres, trois parties, cinq grands actes. Mais, surtout, l'écriture de Melville, ses « phrases longues, et l'énergie qui les pousse en avant, de manière souvent imprévisible, et n'a guère souci des accidents, incises, reprises ou ruptures de construction » (1). Moby Dick ou l'adaptation impossible ? Une phrase de Melville, citée en tête d'un chapitre par Chabouté, peut se lire comme une promesse : « Dans le domaine des fables et du fantastique, la pêche à la baleine surpasse en contes merveilleux, tragiques et effrayants tout autre mode de vie maritime. » Sur le Pequod, la campagne qui doit durer trois ans annonce tout cela, mais plus encore puisque, on le sait, le capitaine Achab est lancé dans une croisade obsessionnelle, à la poursuite du fabuleux cachalot blanc qui lui a un jour arraché une jambe.

Pour le dessinateur, le défi était immense. Il a pris un parti, et il s'y est ­tenu : laisser parler l'image pour capter les pulsations profondes de ce grand classique du roman d'aventures, parabole quasi biblique sur la lutte du bien et du mal. Charpentée par un dessin en noir et blanc que Chabouté maîtrise mieux que jamais, d'une puissance dramatique exceptionnelle, cette relecture atmosphérique, lacunaire par force, audacieuse par nécessité, n'est jamais plus spectaculaire que dans les planches quasi muettes, certaines d'anthologie, qui en disent long sur ce voyage au bout d'un enfer quotidien, sur la démesure épique du combat annoncé et l'effroi qui s'installe dans l'attente de celui-ci. Refusant la facilité de l'illustration qui paraphrase mais n'ajoute rien, ou pas grand-chose, Chabouté va au bout de sa vision personnelle du roman, dont il se révèle le passeur inspiré.

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