Manuel à l’usage des femmes de ménage

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Manuel à l’usage des femmes de ménage

La mort de Lucia Berlin, le 12 novembre 2004 – soit précisément le jour de ses 68 ans -, n’a pas fait les gros titres. Elle n’était certes pas une parfaite inconnue, mais pas loin tout de même… – cela en dépit de plusieurs recueils de nouvelles publiés à partir du début des années 1980. Il a fallu l’édition, l’an dernier, aux Etats-Unis, d’une anthologie rassemblant quarante-trois de ses nouvelles (sur un total de soixante-seize recensées), excellemment préfacée par la grande Lydia Davis, pour qu’explose enfin la notoriété de cette écrivaine à la virtuosité sidérante, qui ne cessa d’emprunter des faits et des situations à sa propre existence pour, partant de ce matériau personnel, inventer des histoires tout ensemble mordantes, mélancoliques et vibrantes. Et les raconter avec un naturel prodigieux. L’univers de Lucia Berlin, ce sont les décennies 1950-1970. Des intérieurs petits-bourgeois, des arrêts de bus, des laveries automatiques, des parkings, des trains, des hôpitaux, des stations-services… Des décors sans grâce dans lesquels s’élève une voix : une femme (presque toujours) qui prend la parole pour dire quelque événement trivial ou tragique, c’est selon, qui lui est arrivé – et dans cette voix, une vigueur incroyable, un mélange saisissant et inédit de faconde, de lassitude et de causticité. « Les nouvelles de Lucia Berlin sont électriques : elles bourdonnent et crépitent quand les fils sous tension se touchent », écrit Lydia Davis, soulignant les variations de tempo dont joue la nouvelliste et sa « sensibilité aux sonorités du langage ». Une musique nerveuse, poignante que sait transmettre la très belle traduction signée Valérie Malfoy dont bénéficie ce recueil, tout juste paru, déjà classique. — NaC.

 

Manuel à l’usage des femmes de ménage (A manual for cleaning women), de Lucia Berlin, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Valérie Malfoy, éd. Grasset, 558 p., 23 €.

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