Lutte des corps et chute des classes

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Lutte des corps et chute des classes

Toute ressemblance avec des personnages ayant réellement existé n’est pas fortuite. A Londres, en 1951, Kim Philby, Guy Burgess, Anthony Blunt, Donald Maclean et John Cairncross œuvrent dans l’ombre, agents doubles au service de l’URSS, au sein même des services secrets britanniques. Les « Cinq de Cambridge », comme on les surnommera, appartiennent à l’establishment, sont homosexuels (sauf Cairncross), et ont foi absolue dans le prolétariat et l’avenir du communisme. C’est bien plus qu’il n’en fallait pour que Gosselin et Henninger se lancent à leurs trousses et portent à ébullition une fiction d’une ardente désinvolture. Le sexe les y aide grandement. Chacun, à commencer par les Cinq, mais aussi Youri Modine, l’agent soviétique qui les manipule, y pense, en parle, le fait, avec, en point d’orgue, une chasse à courre organisée pour démasquer les traîtres qui vire à l’orgie universelle dans les bois… L’histoire d’espionnage est radicalement détournée en farce grinçante, feuilletonesque, de plus en plus débridée, gonflée de vraies-fausses énigmes dérisoires, où le grotesque des situations sert de loupe grossissante sur les vices, les hypocrisies et les ridicules d’un monde qui, littéralement, se désagrège sous nos yeux. C’est aussi le travail de sape d’un dessin intrépide, sarcastique, iconoclaste, qui, oscillant entre le luxe de détails d’une case surchargée de hachures et la quasi-abstraction elliptique de la suivante, dynamise autant qu’il dynamite l’espace de chaque planche, pour laisser libre cours à l’affabulation. Il y a tout lieu de se réjouir que les auteurs aient ainsi mis la vérité historique cul par-dessus tête, dans tous les sens de l’expression.

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