L’identité, c’est la guerre

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L’identité, c’est la guerre

« Eux » et « nous ». Cette opposition n’a jamais été aussi forte en Europe, alors que la crise des migrants fait rage. Terrassées par la question de l’identité, nos sociétés sont secouées par de violents clivages. Murs et frontières se dressent un peu partout. Ce climat de peur, atmosphère belliqueuse, fait le lit de l’extrême droite : cette dernière était « un repoussoir hier. Elle donne le ton aujourd’hui ».

Dans son nouvel essai au titre coup de poing, L’identité, c’est la guerre, Roger Martelli conjugue deux casquettes : celle de l’homme de gauche engagé, jadis communiste, qui veut continuer à croire en certaines valeurs, et celle de l’historien, qui déconstruit pédagogiquement cette fixation sur l’identité. Clair et accessible, l’ouvrage mêle ainsi désir de changement et histoire des idées — le « choc des civilisations », selon Samuel Huntington, par exemple (« Les distinctions majeures entre les peuples ne sont pas idéologiques, politiques ou économiques. Elles sont culturelles »), remis sur le devant de la scène avec l’affaire des agressions de Cologne.

Si la gauche a laissé la droite imposer ce thème de l’identité et son corollaire, le nationalisme, c’est qu’elle a abandonné son « pivot symbolique », « axe de tout équilibre social » : l’égalité. La droite a progressivement gagné la bataille des idées, à travers la promotion de cette « trilogie mortifère du déclin, de l’identité et de la guerre civile ». Roger Martelli préfère continuer à brandir le triptyque progressiste liberté, égalité, solidarité. Et s’interroger sur la mise en commun, l’accès à un commun qui soit social avant d’être communautaire. Comment le « tous » peut-il aller au-delà du clivage entre eux et nous ? N’existe-t-il pas « chez autrui quelque chose de moi-même pour que nous partagions également le devenir de notre humanité » ? — Juliette Cerf

 

Ed. Les Liens qui libèrent, 208 p., 18,50 €.

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