L’Humiliation, le Moyen Âge et nous

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L’Humiliation, le Moyen Âge et nous

Passionnant conteur, le philologue ­Michel Zink accompagne depuis des années son lecteur sur les routes littéraires du Moyen Age. De la Sorbonne au Collège de France (mais aussi sur France Inter), il a décrypté la pastourelle, le Roman de la Rose et le thème du Graal sans nulle pédanterie, et à 72 ans, il continue de cheminer de récit en poème, tirant des fils entre passé et présent. En abordant l’humiliation, cet explorateur éclaire le sens d’un mot dont la seule pensée nous révulse : « Elle est insupportable, mais elle est partout, de la petite humiliation sournoise, presque indécelable, que chacun, au fil des jours, subit et inflige tour à tour, à celle qui, érigée en instrument de pouvoir ou de torture, frappe des populations entières. » La civilisation médiévale est celle de l’honneur, qui déteste l’humiliation, mais sa religion est celle de l’humilité. Deux termes proches et contradictoires qui continuent de déchirer une société contemporaine qui n’est pas à une contradiction près.

Aller gratter les racines de ce mot, de ce mal, tel est l’objectif du nouveau livre de Michel Zink. L’honneur et la honte sont des expressions, des cultures et des sentiments cousins que le narrateur décrypte en compagnie du chevalier Lancelot, de la reine Guenièvre, après un développement théologique essentiel. Mais, de cet essai instructif, ce sont les représentations littéraires qu’on retiendra surtout : la tonsure et le calvaire du Fou, la maltraitance du pauvre et du vieillard, l’exclusion du chevalier amoureux… « L’humiliation est un art littéraire », conclut Michel Zink. Qui, s’il se plaît à plonger dans la mémoire médiévale, jamais n’exclut le présent de ses pensées. — Christine Ferniot

 

Ed. Albin Michel, 270 p., 20 €.

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