Après un premier roman ambitieux, Un été à Bluepoint, l’Américain Stuart Nadler revient scruter l’esprit de famille et ses bouleversements. Henriette, veuve depuis peu, sa fille Oona, récemment divorcée, et Lydia, sa petite-fille de 15 ans, blessée dans son amour-propre, réapprennent à vivre ensemble à un moment charnière de leurs existences. Si les thématiques sont graves, l’auteur ne les traite jamais avec componction. Sa manière de disséquer les sentiments, de glisser une pointe d’humour dans un quotidien souvent bancal apporte une liberté de ton nécessaire. Ces trois femmes trompées — différemment — passent du rire aux larmes, du découragement à l’entêtement, parce qu’elles sont encore vivantes et bien décidées à le prouver. Henriette, la féministe septuagénaire, comme Lydia, l’adolescente accrochée à son portable, ne sont pas prêtes à baisser les bras devant l’injustice et l’humiliation. Se battre toujours, lever la tête encore, c’est l’unique revanche possible dans un monde qui dédaigne l’empathie. Nadler en dispose, c’est une chance. — Christine Ferniot
The Inseparables, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Hélène Fournier, éd. Albin Michel, 416 p., 22,50 €.
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