Les Inconfiants

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Les Inconfiants

Plaisir de retrouver l’écriture féerique et accidentée de Tatiana Arfel, dont on avait tant aimé, en 2008, le premier roman, L’Attente du soir, où trois âmes blessées confrontaient leurs douloureuses expériences de transparence. Forte de son travail en milieu psychiatrique, la romancière signe ici une série de portraits imaginaires de patients et de soignants dont la vie est rongée par la folie. L’équilibre ne tient qu’à un fil, sur lequel Tatiana Arfel marche en funambule, portant sur ses sujets un regard aussi bienveillant qu’insistant. Car l’absence de regard, dont souffraient les trois personnages de son premier livre, reste de toute évidence son thème de prédilection. Alors Luce, Monique, Boris ou Suzanne s’exposent au grand jour. Leurs peaux qui partent en lambeaux, le crépi des murs qui s’effrite, les vêtements usés jusqu’à la corde qui sèchent au vent comme des cerfs-volants, les crayons lancés en travers de la pièce : rien n’est caché de leur morcellement, de leur déliquescence. Mais, libérés par l’oreille attentive qu’on prête soudain à leurs mots décousus, obsessionnels, viscéraux, ces êtres humains enfermés entre quatre murs semblent voler à tir-d’aile, l’espace d’une ou deux pages.

De ces textes vindicatifs, parfois suppliants ou désespérés, jaillit une grande sensation de liberté. La liberté de parole, même intérieure, même silencieuse, force irréductible dont Tatiana Arfel chante l’énergie. — Marine Landrot

 

Ed. Le Bec en l’air, 128 p., 14, 90 €.

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