L’Épreuve du collectif

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L’Épreuve du collectif

« Etre et être seul, c’est tout un. […] La solitude est donnée, elle constitue un point de départ existentiel », écrit avec clarté Gilles Hanus. Certains, par goût de l’aristocratisme et par refus du mimétisme grégaire, en font même un but précieux… Le philosophe préfère se demander comment dépasser cette solitude pour accéder à l’étape suivante : l’épreuve du collectif. En effet, « nous existons seul, mais naissons d’autres ». Quel est alors le fondement de la communauté ? Economique ou politique ? Comment passer du je au nous ? Que ­serait une société d’étrangers ? Quelle est la ligne de partage entre un ennemi et un adversaire ? Humblement mais sûrement, Gilles Hanus opère un détour par Aristote — et les trois communautés que sont la famille, le village et la cité — et chemine de Jean-Paul Sartre à Emmanuel Lévinas. L’auteur précise la différence entre un collectif, qui relève du pur fait (un amas de personnes attendant un bus, par exemple) et un groupe, qui, lui, se construit, réalise la mise en commun de quelque chose. Alors que le premier risque toujours de se dissoudre dans l’anonymat du « on », le second parvient à édifier un « nous », qui prenne en compte et respecte la singularité du « je » : « L’espoir d’un être-­collectif qui soit enfin une configuration d’uniques. » C’est l’acquisition d’un savoir, qui donne finalement son socle à la communauté, selon Hanus, lecteur de Lévinas : « La recherche d’une lecture commune par-delà la diversité des lecteurs. » Une belle métaphore, boussole pour le présent. — Juliette Cerf

 

Ed. Verdier, 96 p., 14 €.

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