Le salut viendra de la mer

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Le salut viendra de la mer

Le plus étrange, dans ces nouvelles qui décrivent la Grèce d’aujourd’hui, pays en plein chaos, la faute à la fameuse dette, bien sûr, c’est d’y retrouver les accents pré (ou post)-apocalyptiques des romans de science-fiction des années 1970. Mais non, ça se passe de nos jours. Au coeur du berceau de la civilisation ? Vous plaisantez : plutôt en plein règne de la terreur. Véritables migrants de l’intérieur, les Athéniens, repartis dans les Cyclades, fuyant le chômage et la vie chère, y subissent la loi violente des parrains locaux, enrichis sur le dos des pauvres et des touristes. Intimidation, humiliation, meurtres. Cet enfer, Christos Ikonomou le raconte d’une langue inspirée, torrentielle et inventive, presque célinienne, sur le mode de la profération ou de la plainte (selon l’énergie du narrateur). On croit un temps tenir le grand texte décrivant l’horreur économique contemporaine, et aussi la fable qui préfigure le monde de demain (« on finira par habiter dans des grottes », ressassent les personnages). Mais tous les récits ne sont pas à la hauteur du premier, et le procédé littéraire s’avère un peu répétitif. Ce qui n’altère en rien le choc initial : en plein soleil, des vies, qui bientôt seront peut-être les nôtres, s’abîment dans la mer Egée. Homo homini lupus, l’homme est un loup pour l’homme : ça se dit comment en grec ? — Aurélien Ferenczi

 

Traduit du grec par Michel Volkovitch, éd. Quidam, 190 p., 20 €.

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