Le Remarquable et Stupéfiant Monsieur Léotard

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Le Remarquable et Stupéfiant Monsieur Léotard

Toulouse, 1870. « Que rien n’advienne… » : tels sont les derniers mots que Jules Léotard lâche à son neveu Etienne. Une consigne sibylline que le jeune homme considère comme une invitation à poursuivre l’illustre carrière circassienne du défunt. S’il n’a pas les talents acrobatiques de son oncle, qui inventa le trapèze volant, Etienne déborde d’audace et d’ingéniosité. Empruntant l’identité du voltigeur et ses belles bacchantes, flanqué de compagnons aux multiples talents, Zinzin le clown nain, Ernst le colosse ou encore Léonore la femme tatouée, l’apprenti saltimbanque traverse la Belle Epoque aux avant-postes : du siège de Paris par les Prussiens au voyage inaugural du ­Titanic, passant par le Wild West Show de Buffalo Bill, le bagne de Cayenne ou l’Exposition universelle de 1900 !

Hommage aux arts forains de jadis, Le Remarquable et Stupéfiant Monsieur Léotard n’a cependant rien d’une BD historique au sens classique. S’il s’appuie sur des faits et des personnages réels (Jules Léotard a bel et bien existé, tout comme l’intrépide Blondin, le premier funambule à traverser les chutes du Niagara, en 1859), ce récit haut en couleur tient davantage des Aventures du baron de Münchhausen que de la ­reconstitution minutieuse. Conçue comme une suite d’épisodes, cette fresque où les auteurs jonglent avec la BD, le texte et l’illustration, s’apprécie comme un spectacle de cirque à l’ancienne. Chaque chapitre est un numéro graphique où le lecteur-spectateur retient son souffle, se prend à sourire ou bat des mains. En Monsieur Loyal, le dessinateur Eddie Campbell, qui a souvent collaboré avec Alan Moore (notamment sur le génial From Hell), est ici au sommet de son art. Teintée d’un humour absurde et surréaliste qui ne déplairait pas au grand Glen Baxter, cette histoire montre qu’en BD tout est toujours possible, même et surtout la poésie. — Stéphane Jarno

 

The Amazing Remarkable Monsieur Leotard, traduit de l’anglais par Martin Richet, éd. Çà et là, 136 p., 20 €.

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