Le Livre des Baltimore

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Le Livre des Baltimore

Bien sûr, on l’attendait au tournant. Couronné par un succès commercial colossal (un million et demi d’exemplaires, rien qu’en France) et une reconnaissance littéraire quelque peu disproportionnée (grand prix du roman de l’Académie fran­çaise, Goncourt des lycéens…), La Vérité sur l’affaire Harry Quebert (2012) avait laissé le jeune et photogénique Joël Dicker (né en 1985) face au redoutable obstacle du roman « d’après »… Est-ce pour ne pas désarçonner ses fans ? Dans Le Livre des Baltimore, il reprend le héros de Harry Quebert, le romancier Marcus Goldman, de nouveau en panne d’inspiration. Cette fois, c’est sa famille qui va la lui fournir. Plus exactement, ses cousins dits « les Goldman-de-Baltimore », branche riche de sa parentèle – opposée à celle, bien moins prospère, dont lui, Marcus, est issu, à savoir « les Goldman-de-Montclair ». « Les Baltimore étaient des servis, nous étions des servants », résume Marcus. Lui fut cependant très lié, lorsqu’ils étaient adolescents, à son cousin Hillel, le surdoué, qu’il rejoignait le week-end. Avec eux, Woody, l’enfant abandonné, intégré à la famille. Sur laquelle plane l’ombre du Drame – que Dicker écrit avec un grand D, s’il vous plaît. Mais que s’est-il donc passé ? Telle est la question… Le romancier ne joue pourtant pas ici la carte du thriller aussi ouvertement que dans son précédent roman. S’il reste un habile fabricant, sachant ménager ses effets, soutenir l’intérêt et s’appuyer sur quelques solides clichés (les riches ne sont pas si gentils, l’enfance est pleine d’illusions et la jalousie est un vilain défaut…), Joël Dicker s’essaie ici à la chronique familiale. Ce qui nous vaut quelques portraits joliment troussés, des scènes comiques inattendues et plutôt réussies, hélas, aussi, quelques dialogues amoureux particulièrement niais. Bref, le cuisinier a su modifier suffisamment sa recette pour éviter la pure et simple redite, sans pour autant prendre le risque de dérouter. — Hubert Prolongeau

 

 

Le Livre des Baltimore, de Joël Dicker, éd. de Fallois, 480 p., 22 €.

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