Le Coup de Prague

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Le Coup de Prague

Vienne, février 1948. Pour les besoins du film dont il écrit le scénario (le futur Troisième Homme), Graham Greene séjourne dans la capitale autrichienne. A moitié détruite, affamée et placée sous le contrôle des puissances alliées, l’ancienne cité des Habsbourg est devenue un véritable nid d’espions. Mensonges, faux-semblants, trahisons : dans cette ambiance délétère, l’écrivain britannique — qui est aussi un agent du MI6, les services secrets de Sa Très Gracieuse Majesté — est comme un poisson dans l’eau… En intriquant minutieusement faits avérés et hypothèses, personnages réels et fictifs, Jean-Luc Fromental a rendu une copie historiquement irréprochable, qui jette une lumière nouvelle sur les singulières relations qu’entretenaient Greene et son ami et supérieur hiérarchique Kim Philby, maître espion et taupe soviétique. Un modèle d’horlogerie et d’érudition, servi par le dessin de Miles Hyman, le plus francophile des illustrateurs américains, qui excelle — comme le montrait déjà son adaptation du ­Dahlia noir (2013) — dans les ambiances interlopes et les couleurs passées de l’immédiat après-guerre. Statique, son dessin fait la part belle aux regards, aux dialogues, souligne le poids de ­certaines situations, leur sens caché. Le Coup de Prague se déguste sans se presser, à petites lampées, et les amateurs de Greene y retrouveront une ­ambiguïté, des ambiances et une petite musique familières. Les autres, qui n’ont jamais pu finir La Puissance et la Gloire, le style lent, suffocant et terriblement sérieux d’un auteur dont la vie était autrement plus palpitante que l’oeuvre. Dommage, d’ailleurs, que personne n’ait encore entrepris de la mettre en images… — Stéphane Jarno

 

Ed. Dupuis, 112 p., 18 €.

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