Le Chien, la neige, un pied

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Le Chien, la neige, un pied

Par quelle somme de renoncements un homme finit-il par s’isoler du monde ? Pour le vieil Adelmo, habitant un chalet paumé dans une montagne italienne, il est question de terrains qu’il n’aurait pas dû vendre, d’une méfiance envers un frère qui l’aurait trahi, soupçon désormais étendu à l’humanité tout entière. Saisissant portrait d’un ermite qui a réduit sa vie aux besoins primaires : se nourrir un peu, s’assurer qu’un vague feu crépite dans l’âtre, évacuer la nourriture, attendre que l’hiver dégage le chemin vers le village en contrebas. Plus tout à fait humain, presque animal, pas loin d’être minéral : Adelmo parle aux bêtes, ainsi qu’à cet homme tué par une avalanche, dont il voit, au fil du dégel, apparaître les membres raidis. Et le chien qui le suit comme le cadavre qu’il traîne lui répondent avec naturel. Le Chien, la neige, un pied — tout est dit — est le sixième roman, le premier traduit en français, de Claudio Morandini, par ailleurs prof de lettres dans le Val d’Aoste. Au cours de ses randonnées en montagne, a-t-il croisé l’un de ces vieillards mutiques prompts à jeter des pierres aux promeneurs ? D’une écriture sèche et précise, presque méticuleuse, il décrit le décor de pierre et de neige, l’obscurité qui gagne l’esprit d’un homme coupé des autres hommes, la peur qui s’insinue, mauvaise conseillère. On pense à Dino Buzzati, autre romancier des montagnes italiennes, qui aurait fait plus clairement d’Adelmo un fantôme. On aimerait en lire davantage du même auteur. — Aurélien Ferenczi

 

Neve, cane, piede, traduit de l’italien par Laura Brignon, éd. Anacharsis, 144 p., 13 €.

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