L’Animal et son biographe

Ajouter un commentaire

L’Animal et son biographe

Explorant le désir d’écrire et la situation du créateur dans la société, L’Animal et son biographe est un roman qui se déploie, tente d’égarer le lecteur pour mieux le rattraper avant de le surprendre à nouveau. Stéphanie Hochet commence par un portrait malicieux de « la romancière invitée en région », dans un festival intitulé Littérature en tongs, organisé près de Cahors. Sont prévues des rencontres dans un camping, une bibliothèque et une librairie. La narratrice y évoquera ses thèmes récurrents : l’homme et l’animal, la taxidermie. Derrière les anecdotes narrées sur un ton ironique, on sent la part vécue par les auteurs qui parcourent la France et répondent avec patience aux éternelles mêmes questions. Mais voilà soudain que le roman quitte la route, pour s’offrir un développement… carnassier, avec l’apparition du maire de Marnas, obsédé par l’aurochs, le bovidé préhistorique tout à coup ressuscité. La présence imposante de l’édile s’apparente à celle du Minotaure, qui entraînera la narratrice dans son labyrinthe — en l’occurrence, un « musée des espèces » dans lequel animaux empaillés ou « plastinés » rappellent certaines expérimentations nazies…

En glissant de la fantaisie quotidienne à l’effroi et à la sidération, Stéphanie Hochet réussit une fable prenante sur la puissance de l’inspiration qui efface les repères et rend le lecteur — comme l’auteur — prisonnier volontaire. On avance dans un dédale, mais il n’est jamais question de fermer ce bestiaire hitchcockien avant la toute dernière ligne. — Christine Ferniot

 

Ed. Rivages, 192 p., 18 €.

Commandez le livre L’Animal et son biographe

Laisser une réponse