La Suture

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La Suture

Sophie Daull a l’art de raconter des vies qui fuient et des destins qui ­déraillent. Celle de sa fille, Camille, disparue à l’âge de 16 ans. De sa mère, Nicole, assassinée à 45 ans. De la courte vie de Camille, elle sait tout. Des vingt-six premières années de celle de Nicole, elle ignore presque tout. Après la mort de sa fille, elle avait écrit un premier livre lumineux, Camille, mon envolée, à placer quelque part au côté de L’Enfant éternel, de Philippe Forest. Pour son deuxième, elle est allée à la recherche de Nicole, munie de quelques maigres indices tenant dans une boîte à chaussures comme dans tout bon roman classique. De là va naître une quête minutieuse en forme de road-movie à travers la France profonde. De Coulommiers à Contrexéville, de Belfort au ballon d’Alsace, Sophie Daull déploie son sens du mot juste et de la phrase qui nous touche. Une fiction-reconstitution où elle tire l’aiguille des souvenirs pour aller jusqu’au bout de la suture qui relie mère et fille, et n’est jamais aussi juste que lorsqu’elle remplit elle-même les vides d’un passé recomposé. Comme elle l’écrit joliment, cette quête, « ça me fait durer sans elles, ça me les garde au chaud ». Et ça fait du lecteur le témoin attentif d’une touchante généalogie des sentiments. — Olivier Milot

 

Ed. Philippe Rey, 208 p., 17 €.

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