La Révolte de Mme Montjean

Ajouter un commentaire

La Révolte de Mme Montjean

C’est, à l’origine, un journal manuscrit dans la série Y des affaires judiciaires, aux Archives nationales, à l’écriture difficile à déchiffrer, et dont la syntaxe et la ponctuation distraite rendaient impossible la publication telle quelle. Mais, pour une historienne comme Arlette Farge, qui a la passion de l’archive, entrer comme par effraction dans le récit d’une vie minuscule est une promesse de découvertes. Voici donc le journal d’un mari trompé : soixante-dix pages d’une longue plainte, écrites du 30 mars 1774 au mois de janvier 1775. M. Mont-jean est tailleur. Il demeure à Paris, rue Croix-des-Petits-Champs. Il travaille beaucoup, va jusqu’en Hollande pour ses affaires, qu’il tient au mieux, conscient de son rang de commerçant. Sa femme, celle par qui le scandale arrive, est censée l’aider à la boutique et s’occuper de ses deux filles, dont la plus jeune a 4 ans. Or, voici qu’au retour d’un séjour de plus d’un mois chez son père, près de Gisors, Mme Montjean décide de ne plus travailler. Elle invite des hommes à souper, bamboche à tout va, se déplace en fiacre, a probablement des amants et menace de conduire son mari à la ruine en affirmant que c’est à lui de subvenir à ses besoins. Une femme qui aspire à accéder à un rang supérieur, « libertine au petit pied » qui ne le sera jamais tout à fait. Ces pages, écrit Arlette Farge, « donnent l’impression d’un homme en train de se noyer, immergé dans la perpétuelle agitation de la vie de son épouse, et qu’avant de sombrer il agite ses bras, empli de colère et de désespoir ». Elle donne ici une magnifique et complice leçon d’histoire. — Gilles Heuré

 

Ed. Albin Michel, 184 p., 14,50 €.

Commandez le livre La Révolte de Mme Montjean

Laisser une réponse